#3 Catherine Cossu. La bible des satiriques français jusqu’à l’époque de Louis XIII : l’anthologie de satires du polygraphe vénitien Francesco Sansovino

12 avril 2024
Durée : 00:32:39
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Titre de la thèse de doctorat : L'anthologie Sette libri di satire (1560) de l'éditeur Francesco Sansovino. Un hermès bifront.

Résumé de la thèse de doctorat :

       La richesse de l’anthologie Sette libri di Satire (1560) tient au défi que l’éditeur vénitien Francesco Sansovino relève avec succès à un moment où la Contre-Réforme bat son plein : élaborer une codification en langue vulgaire du genre satirique en rupture avec le genre tel que les auteurs sélectionnés - ou exclus - l’ont pratiqué ou sont censés l’illustrer. L’éditeur oppose le pouvoir de la règle au  pouvoir de l’écriture au point de laisser apparaître une triple phase de l’évolution du genre : l’inventio reviendrait à Horace, l’écriture à l’Arioste et la réécriture à Sansovino. L’ensemble de la recherche partagée entre théorie et pratique, vise à interroger cette bipolarité comme une forme de coincidentia oppositorum dans la dialectique que la règle et l’écriture mettent en jeu, autrement dit dans la capacité qu’elles manifestent à « se récuser » et « se fondre l’une l’autre », sur le versant latin et vulgaire. Dans cette optique, loin d’être un exemple de « muséification » des auteurs et des textes, l’anthologie se présente comme la création d’un ‘Hermès bifront’ qui met à son tour le lecteur au défi d’en appréhender les subtilités.

Description :

       Il s’agit d’un recueil de poésie satirique de 206 feuillets, l’un des genres les plus raffinés de la tradition européenne. La satire fut inventée par Lucilius, redécouverte par les humanistes italiens et portée à la perfection par Lodovico Ariosto et Ercole Bentivoglio dans le cadre d’une poésie de cour. Le recueil fut publié pour la première fois en 1560 in octavo sous les presses typographiques vénitiennes Alla Luna crescente de Francesco Sansovino et successivement réédité en 1563, 1573 et 1583. L’édition princeps (1560) rassemble en un seul volume de sept livres les satires de cinq auteurs canoniques (Lodovico Ariosto, Ercole Bentivoglio, Luigi Alamanni, Pietro Nelli et Antonio Vinciguerra) auxquels s’ajoutent des auteurs contemporains de Francesco Sansovino dont Lodovico Dolce. La sélection rigoureuse d’auteurs et de textes répond à un objectif de normalisation et de codification du genre satirique clairement énoncé dans le discours théorique liminaire qui exprime en langue vulgaire les théories critiques de Josse Bade. L’anthologie s’inscrit dans une tradition littéraire, l’objectif ultime étant l’anoblissement de la satire. La sélection opérée des auteurs et des textes tient compte de variations subtiles allant du style trop élevé de Luigi Alamanni au-dessus du sermo pedestris propre au genre satirique jusqu’au style bernesque clairement revendiqué du Siennois Pietro Nelli. L’objet représente un intérêt à la fois théorique, littéraire et éditorial. Francesco Sansovino contribue ainsi à l’élaboration d’une poétique de la satire classique en vers sur le modèle horatien telle qu’elle s’impose chez les Italiens mais aussi chez les grands poètes de la Pléiade et les grands satiriques français du XVIIème siècle, notamment Régnier et Théophile de Viau puis Furetière et Boileau.

 

Hermes de Socrate

Légende  de l’illustration :

Hermès de Socrate, Ier siècle de notre ère, Rome, Vatican, Sala delle Muse, inv. 314. Dessin de la statue. In François LASSIRAGUE, La Cité des satyres, p. 245.

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